Archive

3 questions à… Lucky Peterson

3 questions à… Lucky Peterson

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves confessions sur son rapport au voyage et à la musique.

Lucky Peterson a fait ses classes tôt. À 5 ans déjà, il était repéré par le contrebassiste Willie Dixon qui passait dans le club de son père, à Buffalo. Guitariste et chanteur de blues, il a fait ses débuts à l’orgue auprès de pointures comme Jimmy Smith dont il fut l’élève et à qui il rend aujourd’hui hommage avec son album Tributo to Jimmy Smith. Actuellement en tournée dans toute l’Europe, Lucky Peterson fêtera la nouvelle année à Paris, au grand plaisir des aficionados du Duc des LombardsHit the road l’a rencontré entre deux dates, dans les locaux de TSF Jazz…   

« J’aimerais jouer dans un grand stade de foot qui compte des centaines de milliers de personnes, et qu’il soit plein ! »

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

J’ai grandi à Buffalo, dans l’État de New York, et à Saint-Petersburg en Floride. J’ai été influencé par de grands artistes comme Buddy Guy, Junior Wells, Jimmy Smith (à qui je rend hommage dans mon dernier album), James Cotton… Tous ces musiciens ont forgé mon style, ils m’ont enseigné un tas de choses à travers leur musique !

Mon père aussi, à sa manière, a été un guide. Il tenait un club de blues célèbre à l’époque, le Governor’s Inn, j’y ai vu des concerts formidables. Il m’a transmis la passion de la musique.

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

Mon unique rêve est de gagner beaucoup d’argent ! Je voyage déjà beaucoup, je ne sais pas trop où je pourrais avoir encore envie de jouer. Peut-être dans un grand stade de foot qui compte des centaines de milliers de personnes : n’importe où dans le monde pourvu qu’il soit plein !

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

Les villes où j’ai grandi. Buffalo est le lieu idéal pour la musique : on y entend du blues, du jazz. Il y a plein de musiciens et de chanteurs qui sont de là-bas mais qui ne sont pas reconnus. Saint-Petersburg, en Floride, est un autre lieu magique. Les musiciens le savent déjà, quand ils vont là-bas, ils s’étonnent: « D’où vous vient ce son ? ». J’ai joué de l’orgue dans des églises, et j’y joue encore. D’autres fois je m’assieds sous un porche et je me mets à jouer de la guitare. Ou je bois une bière et je me mets à jouer seul, pour moi-même. Blues, jazz ou soul, peu importe : ce sont des lieux qui inspirent.

 

Tribute to Jimmy Smith, Lucky Peterson ; Jazz Village / Pias, 2017
©  JM Lubrano
3 questions à… Samuel Strouk (jazz actuel)

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves confessions sur son rapport au voyage et à la musique.

Compositeur, guitariste, arrangeur, directeur musical, programmateur : Samuel Strouk ne chôme pas. Compagnon de route d’artistes de renom comme l’accordéoniste Vincent Peirani ou le violoncelliste François Salque, il a sorti son premier album Silent Walk en octobre dernier. Un disque délicat et contrasté qui nous mène d’une rive à l’autre par un chemin tantôt éclairé, tantôt esquissé. Il sera en concert le 27 novembre au Café de la danse pour présenter son oeuvre au public. Hit the road vous crayonne déjà les premiers sentiers…

« Je me suis toujours constitué dans le conglomérat : c’est ce qui fait mon identité. »

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

Vaste question ! J’ai grandi dans le sud de la France, à Montpellier, puis je suis venu à Paris pour continuer à apprendre la guitare au CNR. J’ai été très imprégné par la world music au fil de mon parcours. Je suis parti très tôt au Burkina-Faso, où j’ai travaillé la musique mandingue. J’ai passé quasiment trois ans à Cuba en y allant huit ou neuf fois pour l’enregistrement d’un disque, ce qui m’a fait collaborer avec de nombreux musiciens sur place, et ils ont eu une grande influence sur ma musique. J’ai également participé à pas mal de tournées en Asie : en Inde, au Sri Lanka, au Népal et au Pakistan. J’ai été au contact de la musique soufie, hindoustanie, carnatique… Donc pour résumer : le jazz et l’improvisation, la musique classique et ces trois musiques traditionnelles (caribéenne, mandingue et les musiques d’Inde et du Pakistan) font partie de mes grandes influences. On retrouve ces sonorités dans ce que j’écris. Par exemple, l’introduction de « Green B », un morceau de mon album Silent Walk, est un alap indien fait au cello.

D’autres grands compositeurs de musique classique, romantique et contemporaine m’ont également beaucoup inspiré : de Mozart à Ligetti en passant par Xenakis, Stravinsky, Ravel ou Debussy. En ce qui concerne la guitare, j’ai pris ma claque comme tout le monde avec Jimi Hendrix. J’ai passé une période de ma vie à n’écouter que Jimi et à me dire que c’était pas possible de jouer avec cette puissance-là, ce feeling-là dans l’expression ! Django Reinhardt c’est pareil… Wes Montgomery et Pat Metheny aussi… ou encore le flamenco de Paco de Lucía, dans un autre genre.

Quand tu nais en Andalousie et que tu grandis en tapant les palmas toute ton enfance, tu sens bien que le flamenco fait partie de ta culture. Je n’ai pas de sources traditionnelles fortes comme celle-ci. À la rigueur, lorsque j’écoute de la musique klezmer ou du chaâbi, deux genres qui sont liés à mes racines, ça fait vibrer quelque chose en moi, ça me rappelle mon enfance. Mais hormis ces deux madeleines de Proust, je me suis toujours constitué dans le conglomérat, dans l’ajout et la superposition d’univers très différents. On le sent dans ma musique. Je reprends l’exemple de « Green B »: l’introduction, un alâp indien, laisse place à quelque chose de beaucoup plus moderne pour finir de façon très classique…. C’est ce conglomérat qui fait mon identité.

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

Je crois que je ferais un concert dans l’espace… avec de l’air évidemment, pour qu’on puisse entendre le son. La musique aide à sortir du contexte terrien qui est le nôtre. Quand tu regardes la taille de notre planète, c’est tout de même dingue : c’est tout petit, et on se bat les uns contre les autres, on s’auto-détruit sur un bout de planète alors que nous ne sommes qu’une poussière au coeur d’un univers gigantesque ! Quand on ferme les yeux, la musique nous ouvre d’autres mondes, on prend du recul. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai appelé mon disque Silent walk : les yeux fermés avec une musique au creux de l’oreille, tu peux aller n’importe où… Faire un concert dans l’espace, avec plein de gens en apesanteur, et la terre au loin : ce serait formidable! Mais sans air, c’est difficilement réalisable. À moins qu’on mette la NASA sur le coup !

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

Deux endroits me viennent à l’esprit. En premier lieu : La Havane. C’est une ville d’art et de musique, elle en est imbibée, je n’ai retrouvé cette sensation nulle part ailleurs. Même pas à New York. À La Havane, le son fait partie intégrante de la vie des gens. Il y a une triple influence : le jazz américain, arrivé dans les années 50 avec le latin jazz et le croisement avec New York, la musique classique de l’école russe, et une influence africaine (la culture yoruba, la culture mandingue, etc.). Le peuple cubain est absorbé par une musique à trois dimensions extrêmement riche. La danse est omniprésente, les musiciens peuvent jouer toute la nuit avec deux maracas. Ils sont extrêmement doués.

Calcutta est l’autre ville qui, de façon différente, m’a beaucoup marqué. Il y a une école de flûtistes et de tablas où les musiciens jouent en totale connexion avec leur spiritualité. Ils ne sont pas là pour gagner leur vie, ils sont là pour progresser dans la musique, du matin au soir. Ils sont réunis par la même philosophie.

Donc si les lecteurs de Hit the road sont en quête de sensations musicales fortes, qu’ils prennent un billet pour Cuba ou l’Inde, ils ne le regretteront pas.

Silent Walk, Samuel Strouk; 2017, Universal music
3 questions à… Tigran Hamasyan (jazz actuel)

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves confessions sur son rapport au voyage et à la musique.

Impressionnant pari que de jouer en solo dans le vaste auditorium de la Seine musicale, nouveau lieu culturel situé sur l’île Seguin à Boulogne. C’est pourtant celui qu’a relevé le jeune Tigran Hamasyan, pianiste d’exception dont le corps suit les nuances de son instrument, pénétrant imperceptiblement l’âme du public avec une mélodie « New Baroque » ou un « Someday my prince will come » aux accents angoissants…
Ce 14 octobre, peu avant le concert, il nous a fait part de ses souvenirs et de ses élans du moment. Coup de projecteur sur cet enfant prodige du jazz.

« Mon oncle a été un vrai guide dans ma vie de musicien »

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

J’ai grandi à Gyumri, la deuxième plus grande ville d’Arménie, puis nous avons déménagé avec ma famille à Erevan, la capitale, où je suis resté jusqu’à mes 16 ans. Mon oncle est sans aucun doute la personne qui m’a le plus influencé musicalement. J’avais à peine 4 ans lorsqu’il m’a fait découvrir le jazz. Il m’a permis de trouver ma voie. Il écoutait Herbie Hancock, Miles Davis, des artistes soul comme Marvin Gaye, James Brown… il se nourrissait essentiellement de jazz et de funk. Mon professeur de musique, Vahag Hayrapetyan, a également été très important dans mon parcours, il m’a initié à l’improvisation. C’est un pianiste incroyable, il m’a enseigné les bases du bebop. C’est encore mon oncle qui m’avait parlé de lui, il a été un vrai guide dans ma vie de musicien. Mon père, quant à lui, était un grand fan de rock. Il collectionnait un tas de disques et dépensait parfois tout son salaire pour s’offrir le dernier album de Led Zeppelin. Donc j’ai grandi aux sons du rock, du jazz et de la soul.

Mes goûts se sont bien sûr élargis avec le temps. En ce moment par exemple, j’écoute en boucle un morceau troublant, « Lonely world » de Moses Sumney, un jeune artiste californien : une fusion pop vraiment intéressante. Et je réécoute sans m’en lasser l’album Now he sings, now he sobs de Chick Corea. J’en étais dingue, et le virus me reprend…

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

J’aimerais jouer dans la ville de Kars, actuellement en Turquie, c’est le lieu d’où viennent mes ancêtres. J’y ai été une fois mais j’ai joué dans un hôtel, il était impossible de se produire au conservatoire ou ailleurs. La prochaine fois je voudrais vraiment faire un concert dans un lieu de musique.

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

Il y a un lieu à Paris que j’aime beaucoup : c’est la Péniche Anako. J’y ai vu de nombreuses cultures différentes se côtoyer, j’ai assisté à des concerts d’une grande qualité. Je sais qu’ils sont en difficulté et que la Ville de Paris veut récupérer l’endroit, et pour ma part j’espère vraiment qu’ils ne seront pas contraints d’arrêter leurs activités. C’est un lieu culturel qui doit continuer de promouvoir toutes ces musiques et d’offrir un espace d’expression aux jeunes talents.

Tigran Hamasyan, An ancient observer; 2017, Nonesuch Records
© Elena Petrosyan
3 questions à … Jowee Omicil (jazz nomade)

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves  confessions sur son rapport au voyage et à la musique. Jazzman originaire d’Haïti, le pétillant Jowee Omicil a grandi à Montréal avant de s’installer à New York puis à Miami. Mais c’est dans le XVIIIème arrondissement de Paris, où il a élu domicile depuis peu, que nous l’avons rencontré fin juillet.

« J’aimerais aller jouer en orbite, dans l’espace ! »

Multi-instrumentiste à l’enthousiasme communicatif, Jowee Omicil a sorti Let’s Bash sur le prestigieux label Jazz Village, album enregistré en moins d’une semaine et sur lequel il s’amuse à reprendre des airs célèbres (« Sur le pont d’Avignon », « La Bohème ») autant que des pépites méconnues telles le chaloupé « Pipillita »emprunté au cap-verdien Luis Morais
Il sera le 3 septembre prochain sur la scène du Festival Jazz à la Villette

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

Je suis né à Montréal le 1er décembre 1977. Quand j’étais tout petit, j’écoutais les chanteurs qui passaient à la radio : René Simard, Ginette Reno, Céline Dion, Charles Aznavour, Jacques Brel, Nana Mouskouri… Puis a suivi la période Jackson Five, vers 6 ans, et la découverte du hip hop vers 9-10 ans : Run DMC, Busta Rhymes, A Tribe Called Quest, Public Enemy… En 1995, j’ai découvert Black Science de Steve Coleman : je me sentais planer, comme sur un tapis volant ! Il y a eu aussi Tutu, de Miles Davis et Marcus Miller… une vraie claque.

Mais ma plus grand influence, dans tous les domaines de la vie, a été mon père. En tant que pasteur, il voulait que j’apprenne à jouer d’un instrument pour accompagner l’assemblée. C’est comme ça que j’ai commencé à faire de la musique, à 15 ans. Tard pour un musicien. Jusque-là, j’étais passionné de sport. Je jouais au ping pong, au baseball, au hockey sur glace… j’écoutais du hip hop pendant ces activités, ça me motivait. Je n’avais pas encore compris que la musique était en moi. J’ai d’abord été tenté par le piano, mais pour l’harmonie de l’ensemble je devais choisir un instrument à vents. J’ai opté pour le saxophone alto, puis deux-trois ans plus tard mon frère m’a offert un saxophone soprano. J’adorais Kenny G à l’époque, je n’en ai pas honte. Je faisais plein de reprises de ses morceaux, pour des mariages, des communions, tous types d’évènements. Et par la suite, j’ai découvert Wayne Shorter, John Coltrane… je ne m’étais pas rendu compte avant de le pratiquer qu’ils jouaient eux aussi du soprano. Progressivement, d’année en année, je me suis mis à la flûte, à la clarinette, et à la trompette.

Au fond, ta musique c’est ton expérience. J’ai transposé ce que m’a transmis mon père dans ma musique : son comportement, son éducation, ses mots, ses consignes, ses conseils… Ce que tu es sort de ton souffle. Tes adversités, ton vécu, tes peines, tes joies… tout cela se révèle dans ton son, si tu es honnête. C’est pour ça que j’ai choisi le jazz. J’ai commencé avec la musique classique, mais encore aujourd’hui, si je reprends du Bach ou la 40ème symphonie de Mozart, c’est toujours jazzifié. J’aime leurs mélodies, mais le groove que j’entends est différent. Un musicien comme Mozart a clairement tracé la route pour des gens comme moi. Il nous propose une mélodie qui dérange, et on doit faire notre truc avec. Et le jazz est la seule langue qui offre une totale liberté d’expression.

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

C’est quelque chose que je dis souvent en privé, mais aujourd’hui je vais l’avouer publiquement : j’aimerais aller jouer en orbite, dans l’espace. Une expérience : « Jowee in orbit » ! Ce serait complètement global. Tout le monde pourrait écouter ce son-là à ce moment précis ! Chaque fois que j’en parle, je fais le voyage, et je sais qu’un jour je le ferai vraiment. Ce sera une mission d’amour spatial. Réunir tout le monde en un seul accord. Là on pourra dire : « on est ensemble, en cet instant-là on s’est vraiment aimés les uns les autres».

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

Beaucoup de lieux m’ont touché durant ma carrière : le Cap-Vert, le Vénézuela, Haïti, Montréal… Mais un moment qui m’a réellement marqué, c’est le concert que l’on a fait le 22 juillet dans la basilique de Tabarka, en Tunisie, à l’occasion du Tabarka Jazz Festival. Je n’ai jamais vu pareille audience : 4000 personnes avec une énergie incroyable, à l’image d’un concert de rock ! J’aime vivre l’instant présent, donc le dernier concert en date est toujours le meilleur. Le prochain est à Mindelo, au Cap-Vert. Si tu me reposes la question le 6 août, ma réponse sera Mindelo. Si tu me la reposes le 16 août, ce sera la Martinique, car tout va toujours en évoluant. La passion doit m’aider à me surpasser à chaque fois. Je me rends accessible en tant qu’instrument, en tant que passeur de sons, l’endroit où je joue n’a pas d’importance. Chaque situation est unique. Chaque fois que je me mets à jouer devant un public, mon set est différent, et le dernier est toujours le plus fort. Notre mission est de conquérir les âmes des gens, et on ne peut qu’être reconnaissants de la grâce que l’on nous a donnée pour l’accomplir. Aujourd’hui, pour moi, Tabarka était le meilleur concert, et donc un lieu à découvrir. Trop d’âmes…

 

Jowee Omicil, Let’s Bash ; 2017, Jazz Village
@Mariagrazia Giove
Fermer

Des questions?

HIT THE ROAD EVENTS | info@hittheroad-events.com | 14 avenue Aubert - 94300 Vincennes, PARIS.

Subscribe error, please review your email address.

Fermer

You are now subscribed, thank you!

Fermer

There was a problem with your submission. Please check the field(s) with red label below.

Fermer

Your message has been sent. We will get back to you soon!

Fermer