3 questions à… Samuel Strouk (jazz actuel)

3 questions à… Samuel Strouk (jazz actuel)

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves confessions sur son rapport au voyage et à la musique.

Compositeur, guitariste, arrangeur, directeur musical, programmateur : Samuel Strouk ne chôme pas. Compagnon de route d’artistes de renom comme l’accordéoniste Vincent Peirani ou le violoncelliste François Salque, il a sorti son premier album Silent Walk en octobre dernier. Un disque délicat et contrasté qui nous mène d’une rive à l’autre par un chemin tantôt éclairé, tantôt esquissé. Il sera en concert le 27 novembre au Café de la danse pour présenter son oeuvre au public. Hit the road vous crayonne déjà les premiers sentiers…

« Je me suis toujours constitué dans le conglomérat : c’est ce qui fait mon identité. »

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

Vaste question ! J’ai grandi dans le sud de la France, à Montpellier, puis je suis venu à Paris pour continuer à apprendre la guitare au CNR. J’ai été très imprégné par la world music au fil de mon parcours. Je suis parti très tôt au Burkina-Faso, où j’ai travaillé la musique mandingue. J’ai passé quasiment trois ans à Cuba en y allant huit ou neuf fois pour l’enregistrement d’un disque, ce qui m’a fait collaborer avec de nombreux musiciens sur place, et ils ont eu une grande influence sur ma musique. J’ai également participé à pas mal de tournées en Asie : en Inde, au Sri Lanka, au Népal et au Pakistan. J’ai été au contact de la musique soufie, hindoustanie, carnatique… Donc pour résumer : le jazz et l’improvisation, la musique classique et ces trois musiques traditionnelles (caribéenne, mandingue et les musiques d’Inde et du Pakistan) font partie de mes grandes influences. On retrouve ces sonorités dans ce que j’écris. Par exemple, l’introduction de « Green B », un morceau de mon album Silent Walk, est un alap indien fait au cello.

D’autres grands compositeurs de musique classique, romantique et contemporaine m’ont également beaucoup inspiré : de Mozart à Ligetti en passant par Xenakis, Stravinsky, Ravel ou Debussy. En ce qui concerne la guitare, j’ai pris ma claque comme tout le monde avec Jimi Hendrix. J’ai passé une période de ma vie à n’écouter que Jimi et à me dire que c’était pas possible de jouer avec cette puissance-là, ce feeling-là dans l’expression ! Django Reinhardt c’est pareil… Wes Montgomery et Pat Metheny aussi… ou encore le flamenco de Paco de Lucía, dans un autre genre.

Quand tu nais en Andalousie et que tu grandis en tapant les palmas toute ton enfance, tu sens bien que le flamenco fait partie de ta culture. Je n’ai pas de sources traditionnelles fortes comme celle-ci. À la rigueur, lorsque j’écoute de la musique klezmer ou du chaâbi, deux genres qui sont liés à mes racines, ça fait vibrer quelque chose en moi, ça me rappelle mon enfance. Mais hormis ces deux madeleines de Proust, je me suis toujours constitué dans le conglomérat, dans l’ajout et la superposition d’univers très différents. On le sent dans ma musique. Je reprends l’exemple de « Green B »: l’introduction, un alâp indien, laisse place à quelque chose de beaucoup plus moderne pour finir de façon très classique…. C’est ce conglomérat qui fait mon identité.

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

Je crois que je ferais un concert dans l’espace… avec de l’air évidemment, pour qu’on puisse entendre le son. La musique aide à sortir du contexte terrien qui est le nôtre. Quand tu regardes la taille de notre planète, c’est tout de même dingue : c’est tout petit, et on se bat les uns contre les autres, on s’auto-détruit sur un bout de planète alors que nous ne sommes qu’une poussière au coeur d’un univers gigantesque ! Quand on ferme les yeux, la musique nous ouvre d’autres mondes, on prend du recul. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai appelé mon disque Silent walk : les yeux fermés avec une musique au creux de l’oreille, tu peux aller n’importe où… Faire un concert dans l’espace, avec plein de gens en apesanteur, et la terre au loin : ce serait formidable! Mais sans air, c’est difficilement réalisable. À moins qu’on mette la NASA sur le coup !

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

Deux endroits me viennent à l’esprit. En premier lieu : La Havane. C’est une ville d’art et de musique, elle en est imbibée, je n’ai retrouvé cette sensation nulle part ailleurs. Même pas à New York. À La Havane, le son fait partie intégrante de la vie des gens. Il y a une triple influence : le jazz américain, arrivé dans les années 50 avec le latin jazz et le croisement avec New York, la musique classique de l’école russe, et une influence africaine (la culture yoruba, la culture mandingue, etc.). Le peuple cubain est absorbé par une musique à trois dimensions extrêmement riche. La danse est omniprésente, les musiciens peuvent jouer toute la nuit avec deux maracas. Ils sont extrêmement doués.

Calcutta est l’autre ville qui, de façon différente, m’a beaucoup marqué. Il y a une école de flûtistes et de tablas où les musiciens jouent en totale connexion avec leur spiritualité. Ils ne sont pas là pour gagner leur vie, ils sont là pour progresser dans la musique, du matin au soir. Ils sont réunis par la même philosophie.

Donc si les lecteurs de Hit the road sont en quête de sensations musicales fortes, qu’ils prennent un billet pour Cuba ou l’Inde, ils ne le regretteront pas.

Silent Walk, Samuel Strouk; 2017, Universal music
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