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3 questions à … Aurelio (musique garifuna)

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves  confessions sur son rapport au voyage et à la musique.  Nous avons traversé les frontières musicales jusqu’au Honduras à la rencontre du chanteur Aurelio, l’un des rares descendants de la tradition garifuna, à l’occasion du Festival Au fil des Voix qui s’est tenu à l’Alhambra en janvier dernier.

« L’histoire de mon peuple a débuté ici, sur l’île de Saint-Vincent »

Fils et petit-fils de musiciens, Aurelio Martinez n’a pas trahi la lignée: tout petit déjà il s’amusait à construire une guitare avec des planches de bois et des fils de pêche. Plus tard, son amitié avec Andy Palacio, fervent défenseur de la minorité garifuna au Bélize, lui ouvre la voie. Considéré comme l’un des plus grands interprètes de Paranda (un genre plus spécifique de la musique garifuna qui s’appuie sur la guitare acoustique), Aurelio revient aujourd’hui avec Darandi, un disque rythmé et solaire aux couleurs de l’été afro-caribéen.

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

Je suis né dans la petite communauté de Plaplaya, dans la Mosquitia Hondurienne. J’ai été élevé par une famille de musiciens: ma mère était chanteuse et composait, mon père jouait de la guitare Paranda. J’ai grandi dans ce village qui doit compter près de 200 habitants et qui se situe à la frontière du Nicaragua, là où est installée l’une des premières communautés garifuna de la côte Atlantique. Bien sûr, j’ai été influencé par d’autres styles musicaux: le reggae de Bob Marley, mais aussi les chansons latines de Mercedes Sosa, Pablo Milanés ou Silvio Rodriguez. Et j’aime également les sonorités africaines et des artistes tels que Youssou N’Dour, Baaba Maal ou Salif Keita.

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

Je rêve de jouer sur l’île de Saint-Vincent. C’est une petite terre des Caraïbes d’où les Garifunas ont étés chassé à la fin du XVIIIème siècle alors qu’il y régnait une certaine paix malgré la colonisation. Toute l’histoire de mon peuple a débuté ici, sur cette île où se sont réfugiés des esclaves pour donner naissance à une nouvelle couleur, « les caraïbes noirs ». J’aimerais jouer là-bas, retourner sur le lieu d’origine de ma communauté. Ce sera sans doute le moment le plus excitant de ma carrière !

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs?

Ce que je préfère, c’est la musique garifuna, donc je leur conseille évidemment de se rendre au Bélize lors d’un voyage. C’est l’un des rares endroits en Amérique où l’on peut entendre de la musique locale et des musiques venues d’ailleurs. C’est important pour moi car la culture garifuna est menacée, donc je soutiens les lieux qui préservent la diffusion de sa musique et en font un genre toujours vivant.

Aurelio, Darandi; 2016 (Real World/Pias)
© Richard Holder
3 questions à… Vinicio Capossela (musique italienne)

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves  confessions sur son rapport au voyage et à la musique. A l’occasion du Festival Au fil des Voix, nous avons pu rencontrer l’ensorcelant Vinicio Capossela, inclassable rock-star italienne qui, le temps d’une bière à l’Alhambra, nous a parlé d’Homère et de tavernes…  

« Votre blog s’appelle Hit the road et ça me parle : j’ai pris la route assez tôt ! »

Surnommé le « Tom Waits italien », cet admirateur de Jack Kerouac et John Fante s’est initié au jazz avant de prendre des chemins de traverse qui lui valent aujourd’hui une réputation de visionnaire. Après 14 disques, Vinicio Capossela poursuit son expérience d’albums-concept avec Canzoni della cupa, une ode à la musique folk et des chansons « rassemblées au fil du temps comme du bois de chauffe (…) qui nous autorisent à sentir le froid, l’émotion, le désir, la peur, l’aventure, l’euphorie, la joie, l’affliction et la mort. »*

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

Je suis un déraciné. Mes parents sont originaires de la région Irpinia (sud de l’Italie), ils ont émigré très jeunes en Allemagne, où je suis né, et j’ai grandi en Emilie-Romagne. C’est une terre aux racines sauvages, on y écoute surtout du rock. J’ai grandi dans les années 80, la scène musicale était assez riche, les groupes pullulaient. Tom Waits est sans doute l’artiste qui m’a le plus inspiré, surtout à ses débuts. Mais la première musique que j’ai écoutée est celle qu’on passait pendant les mariages, la musique de bal. J’ai étudié au conservatoire, donc la musique classique a également eu une influence sur mon parcours. J’ai commencé en jouant des ballades au piano, en composant des morceaux assez proches du jazz. Puis je me suis mis à voyager. Votre blog s’appelle Hit the road et ça me parle : j’ai pris la route assez tôt ! La figure qui me correspond le mieux est celle du voyageur, du ménestrel. Ma musique a vocation à transmettre une histoire par le chant, c’est fondamental. Un peu comme le faisaient les aèdes du temps de la Grèce Antique. Ces poètes,  comme Homère et son Odyssée, racontaient l’histoire du monde à travers les cordes de la voix et de la lyre. Je crois qu’aujourd’hui, après toutes ces années, c’est le personnage dont je me sens le plus proche.

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

Je me suis déjà produit dans des conditions assez étranges. J’ai joué en haute montagne, à l’aube, dans les Dolomites italiennes. J’ai aussi donné un concert dans le Sanctuaire de Los burros de Aruba, en Andalousie, où mes seuls auditeurs étaient les 80 ânes qui le peuplent… J’essaie tant que possible de choisir le lieu dans lequel je vais jouer. C’est important car ça fait partie intégrante de mon discours artistique : essayer de jouer dans des lieux qui ne sont pas confectionnés pour la musique. Ce sont toujours les endroits les plus émouvants dans lesquels j’ai joué. Les grecs anciens construisaient leurs théâtres de façon à ce que les spectateurs éprouvent la sensation de l’univers, de l’infini. Mon rêve? Jouer dans le théâtre d’ Épidaure, l’un des plus vieux de la Grèce Antique.

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

J’aime beaucoup que la musique se joue dans des lieux où on peut aussi boire et manger, comme dans les tavernes grecques par exemple. Ecouter du rebetiko en Grèce a toujours été pour moi une grande source de joie : les voix s’unissent, on mange, on boit, et à un moment le chant s’installe. Il n’y a pas de barrières, avec le musicien d’un côté et le spectateur de l’autre. J’aime ce genre musical, cela m’a inspiré un disque et un livre. Mais je l’ai aimé d’autant plus que je l’ai découvert à table, en mangeant, en m’enivrant, en ayant un rapport corporel avec cette musique. C’était de la nourriture pour l’âme et le corps, pas uniquement pour les oreilles.

 

* D’après Vinicio Capossela

Vinicio Capossela, Canzoni della cupa; 2016, Warner Music

 

 

3 questions à : Girma Bèyènè (musique éthiopienne)

A l’occasion du Festival Au Fil des Voix qui réunissait ce 18 janvier Girma Bèyènè, l‘un des maîtres de la musique éthiopienne des années 60, et le groupe d’éthio-jazz français Akalé Wubé sur la scène de l’Alhambra, Hit the road a démarré un nouveau cycle d’interviews.
« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves  confessions sur son rapport au voyage et à la musique.
Girma Bèyènè ouvre la voie.

« J’ai déjà atteint mon rêve sans m’en rendre compte : celui de jouer ici, ce soir, à Paris. »

Originaire d’Addis Abeba (Ethiopie), ce musicien autodidacte connait un âge d’or entre les années 60 et 80. Chanteur dans les clubs les plus huppés de la capitale, il participe en tant que compositeur, arrangeur ou pianiste à de nombreux enregistrements mais n’apparait pourtant que sur très peu d’albums de musique éthiopienne de l’époque. Alors qu’il est l’un des artistes vedettes du producteur Ahma Eshèté, le régime de l’empereur Haïlé-Sellassié subit un coup d’état en 1974. Girma choisit l’exil aux Etats-Unis en 81 plutôt que la dictature communiste. S’ensuivent des complications personnelles et professionnelles qui l’éloignent peu à peu de la vie musicale. De retour chez lui en 2008 pour le 7e Ethiopian Music(s) Festival d’Addis Abeba, il s’y réinstalle doucement, et signe cette année un disque « comme back » avec les français Akalé Wubé dans la mythique collection des Ethiopiques*.

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

Je suis né et j’ai grandi à Addis Abeba, dans une famille catholique extrêmement stricte. Avec mon père, ma mère et mon frère, nous étions très proches. Nous allions à l’église chaque matin, puis je partais à l’école. Je crois que c’est dans ce lieu saint que tout a commencé musicalement.

J’ai également été influencé par des artistes, bien sûr, mais c’est difficile d’en parler, ils sont si nombreux ! Je peux tout de même citer Nat King Cole, Frank Sinatra, Paul Anka, Neil Sedaka, Charles Aznavour, et Adriano Celentano. J’adore la chanson italienne. L’une de mes chansons préférées est « I miei giorni felici » de Wess and The Airedales (reprise de « Chapel of dreams » des Dubs).

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

J’ai déjà atteint mon rêve sans m’en rendre compte : celui de jouer ici, ce soir, à Paris. Je ne demande rien de plus maintenant. J’ai mis de côté ma carrière de musicien pendant très longtemps. Puis sont arrivés Akalé Wubé, mes producteurs Francis Falceto et Amha Eshèté… ils m’ont poussé et m’ont ramené sur scène ! Donc je peux dire que ce qui m’arrive ce soir, c’est un rêve qui devient réalité.

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs?

S’ils viennent un jour à Addis Abeba, je leur conseille d’aller dans l’un des clubs du quartier de Piazza, près du vieux centre historique, ou au Ras-Hôtel. C’était le plus chic hôtel d’Addis après la guerre. J’y ai joué à mes débuts dans les années 60. J’avais été engagé après avoir chanté « Bernardine » de Pat Boone. C’est un lieu légendaire de la musique éthiopienne et des soirées chics de la capitale.

* Girma Bèyènè & Akalé Wubé, Mistakes on purpose; coll. « Ethiopiques 30 », sortie le 13 janvier 2017 / label Buda Musique
Prochaines dates de concert : les 20 & 21 avril 2017 au Studio de l’Ermitage (Paris)
 © Cyprien Fussien
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HIT THE ROAD EVENTS | info@hittheroad-events.com | 14 avenue Aubert - 94300 Vincennes, PARIS.

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